Les blessures engendreront l'amour ... [Mihu + Shino]

Tu te mords la lèvre pour ne pas jeter une insulte à l'homme qui te prélève ton sang. Solidement attaché, tu ne peux même pas bouger. La pompe aspire le sang qui coule dans tes veines, et autant dire que ce n'est pas sans douleur. Tu te concentres de toutes tes forces sur les pensées de cet homme, ton tortionnaire, mais tu n'arrives pas à déceler le moindre songe, à cause de ta faiblesse et de ta faim. Un long frisson te parcourt l'échine, et tu trembles de tout tes membres. Tu inspires une grande bouffée d'air confiné et pas si pur que ça. Un peu de bien. C'est tout. La souffrance est vive, mais tu as l'habitude. Le scientifique s'approche, enlève la pompe avec nonchalance et sans délicatesse, t'arrachant un cri de douleur. Une injure part toute seule, et elle est suivie de plusieurs autres. Une claque part, baf. Tu tentes de maîtriser ta rage envers l'homme, mais, de toute façon, que pourrais-tu lui faire dans ton état ? Rien. Il te détache, et d'un coup à l'épaule, t'ordonne de te mettre debout. Chancelant sur tes frêles jambes, tu te propulses pour te préparer à marcher. Le scientifique te pousse brutalement pour te faire avancer, et toi, tu te traînes avec peine. Il ne te bouscule pas jusqu'à ta cage, il t'emmène ailleurs. Tu te retournes pendant un instant, clame une insulte, tu n'aurais pas du. Le scientifique te donne un coup de poing dans la mâchoire, tout sourire. La douleur vive te surprend, lorsque le liquide poisseux qu'est le sang coule dans ta bouche. L'homme ouvre la porte d'une autre petite pièce, et te donne un violent coup de pied dans le dos. Tu percutes le sol de plein fouet, et gis en plein milieu de la cage. Ton corps tout tremblant est couvert de bleus et blessures sanglantes. Et tu te maudis. Tu te maudis d'être né, né avec ce satané pouvoir qui ne fait qu'accroître ton malheur, mais pas que. Tu maudis aussi ton insolence, tes envies soudaines de balancer des insultes à ces ordures. La porte se referme. Tu tousses avec faiblesse du sang. Forcément, avec le coup qu'il t'a asséné ... Un gémissement faible part, tu as les yeux brouillés de larmes, mais ça ne se voit pas, ta tête est baissée vers le sol. Ta main tremblante cherche un contact. Et elle le trouve aisément ...

Sommeil. Couché sur une paillasse en bois, tu avais enfin trouvé le repos. Sous ton calme apparant se cache une véritable bête déchaîné. Sous tes paupières closes, tu vois ta vie défilé. Chez un enfant avec une belle vie, cela serait plutôt un rêve. Hors toi, je ne pense pas que tu es une "belle vie". Tu as toujours été ici, tu sais lire grâce à tes pouvoirs. En poussant un hurlement, tu te retournes et te fracasse les cotes par terre. Ton souffle est automatiquement coupé mais tu n'as aucunement peur... En quelques secondes, tu le retrouves. C'était une des qualités de ton pouvoir. D'un de tes pouvoirs. Tu te lèves à va t'accroupir en chantant mollement une mélodie qui te passe par la tête. Tu saisis un crayon et une feuille de papier que tu as volé à ton père alors qu'il partait chercher une boisson pour ses besoins personnels de sucre. Tu avais réussi à t'en approprié avec une ronce directement sorti du béton. Impressionnant ? Loin de là. C'était un petit tour de passe passe pour toi. Tu commences un croquis de ton "papa" et le fait dégénérer en sanguinaire. Des insultes se font entendre dans le couloir. Tu relevés la tête et balance la feuille sous un petit chevet pour la cacher de regards indiscrets. Tu restes dans l'obscurité alors que ton père accompagné de Shino rentrait. Comment tu connaissais son nom ? Tu avais aperçu une photo de lui avec un "à éliminer dès que possible" chez Thomas. Quand celui ci se retire, tu t'avances vers l'adolescent, frappé d'horreur. Tu pousses un petit hoquet. Automatiquement, ton réflexe est de chercher à le soigner. Tu fermes les yeux après avoir imprimer l'image de l'étranger où seul son prénom t'étais familier. Ses blessures t'apparaissent nettement. Tu en soignes.... Même pas la moitié. Il y a trop à faire et tu es trop faible. Un contact se fait sur ta main. Tu ouvres les yeux. Une larme perle sur tes cils et va couler sur ta joue. Tu lui prend la main et tu l'aides à se lever pour le faire assoir sur ta paillasse.

Mihu, à Shino : Je m'appelle Mihu, je n'ai pas pu soigner toute tes blessures, tu m'en verras fort navrée...

Tu sens que certaines de tes blessures te font beaucoup moins mal. Tu ne sais pas si c'est quelqu'un qui apaise tes maux, ou si c'est juste ton imagination, tu as fermé les yeux. Ils t'en restent, des choses à soigner, et tu sens qu'il y en a beaucoup même. M'enfin, l'inconnue t'avait soulagé de quelques unes de tes blessures, c'est ce qui compte. Puis tu la sens, cette douce main empoigner la tienne avec chaleur. Tu décides de dévoiler tes yeux rougeoyants au monde, en soulevant avec peine tes paupières lourdes. La jeune fille t'aide à te lever, tu chancelles et te mets debout avec faiblesse. Elle te fait t'asseoir sur sa paillasse en bois, tu la remercies d'un regard qui en dit long. Elle te dit d'une voix quelque peu douce :

Je m'appelle Mihu, je n'ai pas pu soigner toute tes blessures, tu m'en verras fort navrée ...

C'est elle qui t'a apaisé si doucement et calmement, te faisant découvrir une autre chose que la brutalité que tu subis tout les jours. Tu vois nettement la larme qui coule sur sa joue, elle aussi a un pouvoir, ou peut-être même plusieurs, qui sait. Tu ouvres ta bouche pour placer un mot, mais ta faiblesse le traduit en un gémissement inaudible. Tu scrutes avec lenteur Mihu, regardant son visage encadré de cheveux blancs. Ton regard se pause sur ses iris violettes. Tu balbuties enfin, avec peine :

"Mer-ci ... Moi je-je suis Shino."

Tu ne te sens pas la force de pouvoir continuer, tu décides donc de prendre une pause pour respirer doucement, et caler ton pouls comme il se doit. Une fois ceci fait, tu pousses un petit soupir qui ne dure que quelques instants. Tu déglutis difficilement, et est de nouveau pris par une quinte de toux mêlée à un peu de sang. Tu t'essuies la bouche du revers de la main, puis tu balayes la cage du regard. Plus spacieuse que la tienne n'empêche. La tienne, c'était rien qu'une petite surface dure et plate, où tu avais à peine la place pour te caler confortablement pour dormir. Bien sûr, c'était Thomas, l'autre scientifique qui te l'avait choisie, tu en étais sûr. Tu l'aimais pas lui, et c'était réciproque. A cette pensée, ton visage s'assombrit, et tu te renfrognes. Quelle ordure ce type ...